dimanche 10 novembre 2013

Escapade à Québec en images

Une éclaircie sur le Château Frontenac, le 27 octobre
Dans l’ombre de l’envoûtante Montréal, grande cité commerciale à la skyline colossale, vaste métropole multiraciale de renommée mondiale, la ville de Québec, discrète «capitale nationale» et siège des principales institutions gouvernementales, est une fait figure de bourgade tranquille au charme tout provincial. 

Provinciale, peut-être, mais avec sa population qui dépasse peinard le demi-million d’âmes, elle se paie le luxe de surclasser Lyon. En fait, la capitale qui a donné son nom à la Belle Province a deux fois plus d’habitants que Bordeaux, et pour enfoncer le clou, et ça c’est l’argument qui mettra tout le monde d’accord, elle est carrément cinq fois plus peuplée que Fort-de-France. Bref, qu’on se le dise, Québec n’est pas une petite ville, loin de là. Voilà qui devrait remettre les pendules à l’heure.

Pis, en plus, Québec, c’est mauditement beau, t’sais. Tu l’as-tu déjà visité ? Alors attache ta tuque avec de la broche et viens-t’en chécker mes pictures.

La rue Saint-Jean vue depuis les remparts de Québec
Le Vieux-Québec dominé par l’élégante silhouette du château Frontenac, vu depuis le «traversier» (le ferry) qui relie les deux rives du Saint-Laurent
Située à peu près à la même latitude que La Rochelle ou que Genève (ou que Saint-Pourçain-sur-Sioule, pour ceux qui connaissent), Québec jouit néanmoins d’un climat chaud et ensoleillé toute l’année, à l’exception d’une courte saison légèrement plus fraîche entre septembre et mai. Oh, trois fois rien, deux-trois nuages qui s’égarent de temps en temps dans le ciel, et quelques pouillèmes de degrés en moins pendant 300 jours à tout casser. Rassurez-vous, on n’y voit que du feu. D’ailleurs, au cœur de la saison-un-chouïa-fraîche-mais-si-peu-dans-le-fond, accrochez-vous à votre chaise: il ne pleut pour ainsi dire jamais. C’est-tu pas l’fun ça? Bref, cette météorologie paradisiaque vaut à Québec le joli surnom, ô combien mérité, de «Martinique du Nord».

Tu m’crois pas ? T’en veux-tu, des preuves ? Eh bien la preuve irréfutable, la voici : si tu pognes les lettres Q.U.E.B.E.C, que tu ôtes le B.E.C à la fin et que tu garroches M.A.R.T.I.N.I au début là, alors t’obtiens le mot MARTINIQUE, sti ! Y faudrait être crissement niaiseux pour pas voir que c’est presque pratiquement le même mot.

Pour couronner le tout, au Québec, quand la température baisse (ce qui n’arrive pas très souvent, comme je vous disais plus haut), on dit qu’«il fait frette». De même, en Martinique, lorsque la froidure hivernale s’installe et que le thermomètre indique des températures glaciales, descendant parfois jusqu’à 20°C ou même encore plus bas, le Martiniquais transi par la vague de froid polaire, grelottant dans sa doudoune, dira en créole «i ka fè frèt». 

CQFD. D’autres questions ?

Chic ! Encore du beau temps sur le parc de l’Amérique-Française, en ce dernier lundi d’octobre. Six mois par an, la pluie est un phénomène inconnu à Québec.
Un bateau d’aviron sur le Saint-Laurent. Notez que le barreur est équipé d’une pagaie de canoë au lieu de l’habituelle barre fixée à la coque du bateau. Un passager du ferry m’a expliqué que c’est plus pratique pour ramer sur la glace, lorsque, pendant la saison de légère fraîcheur, le fleuve gèle. Au Québec, on fait de l’aviron sur glace!
Quelques images du Vieux-Québec...
Tous ces escaliers à l’extérieur des maisons donnent un charme indéniable aux rues de la ville. Mais je dois dire que j’aurais du mal à imaginer la même chose sur la Karl-Marx-Allee. Mais, suis-je bête, à Berlin, c’est impensable de mettre les escaliers dehors : en hiver, il fait froid et il neige, et ça rend les escaliers difficilement pratiquables. Heureusement, à Québec, la Martinique du Nord, on n’a pas ce genre de problèmes, et les escaliers extérieurs prennent donc tout leur sens !


Rue Sous-le-Cap dans le Vieux Québec pic name

La vitrine du magasin «Fuck la mode». Ça tombe bien, car c’est une maxime que nombre de citadins et de citadines semblent appliquer consciencieusement. Ils pourraient en faire leur devise, ce serait assurément plus décalé que «je me souviens». Chiche ?

Fucklamode.com, future devise du Québec?

Au boulevard René-Levesque, je suis tombé en arrêt devant «Le quatuor d’airain», une sculpture exécutée par Lucienne Payan Cornet en 1996. C’est sans aucun doute la sculpture la plus dynamique que j’aie jamais vue.

Le quatuor d’airain de Lucienne Payan Cornet
À quelques kilomètres en aval de la capitale nationale québécoise, la chute Montmorency est un site naturel assez intéressant à visiter pendant une heure ou deux avant de poursuivre vers l’île d’Orléans (objet du prochain post). D’une hauteur de 83 mètres, c’est un beau spectacle de la nature que l’on peut admirer au plus près depuis un frêle pont suspendu au-dessus des bouillons écumants. La passerelle est d’ailleurs un spot de suicide très apprécié pour un plongeon final en apothéose. Il n’y a pas de grillages, donc se «pitcher» dans la cascade est un jeu d’enfants. Avis aux amateurs...

La passerelle de la Chute Montmorency
Les Québécois ne se lasseront pas de vous rappeler en se bombant fièrement le torse que la chute Montmorency est beaucoup plus haute que les chutes du Niagara, ridicule filet d’eau qui plafonne pitoyablement sous les 60 mètres. Et pourtant, le monde entier n’a d’yeux que pour les Niagara Falls. C’est platte, stie.


Chute Montmorency Berliniquais Chute Montmorency Berliniquais

En hiver, enfin je veux dire pendant la saison fraîche, les embruns à la base de la chute gèlent instantanément, et les petits flocons de neige ainsi formés s’accumulent jusqu’à former une énorme vague de glace parfois haute de plus de vingt mètres ! On l’appelle le «pain de sucre», pour rappeler les liens forts qui unissent Québec et Rio de Janeiro. Sauf que le Pain de Sucre de Rio est lui aussi beaucoup plus connu que celui de Québec. Encore une injustice, décidément... À force, on va vraiment finir par se garrocher depuis le pont, tabarnac.

Allez, pour finir, gavons-nous d’images du Vieux-Québec. Parce que vous le valez bien.

Québec : la «basse ville» vue depuis l’esplanade du Château Frontenac
La vitrine d’un magasin d’«art inuit»
Québec : Place Royale et église Notre-Dame-des-Victoires
Québec : basse-ville et Château Frontenac. On ne s’en lasse pas.
Les toits du Vieux-Québec. Celui du Château Frontenac est en cuivre.
J’ai quitté Québec comme j’y suis arrivé : en bagnole en char. 300 kilomètres de route droite, de paysages monotones et de vide sidéral jusqu’à Montréal (la métropole boréale, grande cité commerciale, etc, etc). Les grands espaces, c’est bien beau, mais on s’en lasse vite. Manifestement je ne suis pas encore prêt à affronter l’immensité du continent américain sur les routes.

Non mais les Québécois, vous avez fini de TOUT faire comme les Américains, oui ?

16 commentaires:

  1. Les photos sont magnifiques, et quelle belle ville!
    27 octobre, c'est encore l'automne, on est encore loin de la saison fraiche cher ami Berliniquais, les températures sont proches de zéros (mais tout est une question de point de vue). La température est descendue à -40 l'hiver dernier (janvier), et monté à +40, cet été...donc on peut dire que l'automne est une saison intermédiaire, ni froide, ni chaude...mais tellement belle... cqfd :)

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    1. Bonjour Life Trip, et merci pour ton commentaire :-)

      Voilà, tu confirmes donc qu’à Québec, hiver comme été, il fait à peu près la même température (en valeur absolue bien sûr, mais chuuuuuutttt).

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  2. "sans expressions québécoises bidon", hmmm?
    Excellent, comme toujours!

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    1. Ah tiens c’est vrai ça... mais on prend l’accent si vite qu’on ne se rend même plus compte. Hum hum!!

      ;-)

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  3. Joli reportage, comme d'habitude superbement documenté (comment ai-je pu ignorer durant de si longues années que Saint-Pourçain-sur-Sioule était à la même latitude que la Rochelle ! ?!)... Tu voudrais pas nous faire une enquête sur cette énigme culinaire qu'est la Poutine ? Qui a bien pu inventer un mélange si infâme et pourtant si bon ? :-)
    Enjoy ton voyage ! J'espère que tu ne vas pas jusqu'à Toronto, parce que si c'est le cas tu n'as pas fini de manger du goudron...

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    1. J’ai goûté la poutine, j’ai trouvé ça bon mais euhhh, à petites doses de préférence! Pas d’enquête sur ce mets délicat au programme. J’ai prévu, quand je trouverai un peu de temps, un autre billet sur un thème québécois assez inattendu.

      Heureusement, je suis déjà rentré donc mon régime super diététique nord-américain est malheureusement terminé :-)

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  4. Et les gens ? Ils sont comment ? Ils parlent vraiment le "joual" asteur ?

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    1. Les gens, je les ai trouvés gentils au premier abord. D’un naturel décontracté. La plupart parlaient un français assez facile à comprendre même pour le «maudit Français» le plus obtus. J’ai bien sûr entendu des expressions inconnues qu’il a fallu m’expliquer (comme «se pitcher» à la cascade). Le joual c’est un truc régional je suppose. On m’a dit qu’il y a des régions du Québec où l’accent du cru est tout simplement impognable! Euh, je voulais dire, «incomprenable». Mais je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer de tels spécimens.

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  5. Je confirme le lien entre Québec et la Martinique. Je reconnais l'église ND des victoires devant laquelle a été tournée une scène du film Toussaint Louverture.
    Au fait, dans le quartier du Vieux Québec, les rues ont-elles l'air d'avoir l'accent ?

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    1. Le film Toussaint Louverture??? Hum, hum, inculture, quand tu nous tiens... «C'était quelle scène du coup?», demanda-t-il d’un air détaché.

      Bon, autour de la Place Royale, on a l’impression d’être dans une petite ville française au patrimoine particulièrement soigné. Un mix entre Saint-Malo et Disneyland, en quelque sorte. Le reste de la vieille ville paraît vaguement européen aussi, mais les escaliers extérieurs trahissent la supercherie. Pour ce qui est des ruees ayant l’accent, je suis pas sûr d’avoir bien compris la question :-/

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    2. http://www.paroles-musique.com/imprim.php?id=8401

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    3. :-)
      Je vois que le fan-club s’est réuni sur ces pages :-)

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  6. Une scène devant une église. Le film a été tourné en Martinique. (J'en ai entendu parler parce que ma cousine et sa fille y faisaient de la figuration.)

    Quant aux rues qui ont l'air d'avoir l'accent, tu es certainement trop jeune. C'est une référence aux yeux d'Emilie de Joe Dassin.

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    1. Aha, Madame a de la famille de stars je vois! Et balance les détails croustillants comme ça au détour d’une conversation :-)

      Effectivement, j’aurais jamais deviné la référence culturelle! Merci pour ton explication. Grâce à toi j’ai découvert une nouvelle chanson :-)

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  7. J'ai regardé le film pour les voir, mais je les ai "vues" (au fond, bien floues) uniquement parce que ma cousine avait posté des photos du tournage sur Facebook.
    Mais je te balance en passant qu'une autre cousine vient de sortir un album en hommage à Edith Lefel.
    J'espère au moins que la chanson de Joe Dassin t'a plu. C'est une de mes préférées du répertoire de Joe.

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    1. Oui, elle m’a plu! Merci beaucoup de me l’avoir fait découvrir. En plus je suis toujours content dès que je peux combler mes lacunes :-)

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Un petit bonjour ?

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