lundi 11 février 2013

Famille traditionnelle antillaise ou «mariage pour tous»?

Depuis quelques jours, le débat sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, un débat que les Antillais suivaient jusqu’ici de loin, avec peut-être un brin d’incrédulité et de dégoût, a pris en Martinique une dimension toute particulière. En effet, le 30 janvier, le député divers-gauche de la deuxième circonscription de la Martinique et maire de la commune de Sainte-Marie (19.000 habitants) a pris la parole à l’Assemblée Nationale et a proclamé haut et fort son rejet ferme de ce projet de mariage homosexuel et son intention de voter contre, bien qu’il ait jusqu’ici, souligne-t-il, «soutenu tous les projets et engagements de la Gauche». Le discours, visionné des centaines de milliers de fois sur Internet, et amplement relayé sur la plupart des médias opposés au «mariage pour tous», a fait date dans ce débat, résonnant bien au-delà des rivages ensoleillés baignés d’eau turquoise où tout ce qui a trait aux Antilles reste habituellement confiné, dans l’indifférence générale des médias et de nos compatriotes hexagonaux. Du moins est-ce le sentiment qui prévaut en Martinique et en Guadeloupe.

Le député Bruno Nestor Azérot le 30 janvier à l'Assemblée
Mais cette fois, c’est différent. Un tribun antillais a pris la parole et, ô surprise, toute la France a écouté. Dans une harangue combative, le député-maire Bruno Nestor Azérot a martelé que la quasi-totalité de la population d’Outre-Mer est «opposée à ce projet», et que «les valeurs sur lesquelles reposent les sociétés ultramarines», nos «valeurs fondamentales», étaient menacées par l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. «Ce texte ne donne pas une liberté supplémentaire, il fragilise le délicat édifice sur lequel se sont construites nos sociétés antillaises et guyanaise après l’abolition de l’esclavage», a-t-il ajouté, avant d’interpeller l’Hémicycle sur une question plus grave, plus existentielle, presque apocalyptique : «la famille, pivot de notre société [...], va-t-elle exploser au sens littéral du terme ?»

mercredi 6 février 2013

Banalité de l’absurde à Hébron

Imaginez qu’un beau jour, un investisseur fortuné se présente tout sourire au seuil de votre maison et, se dispensant des politesses d’usage, vous propose, sans passer par quatre chemins, de racheter votre logis. Son prix ? Allez, soyons généreux d’emblée, afin d’expédier l’affaire : un million de dollars pour le terrain et le bâti, cela vous conviendrait-il, cher Monsieur ? À la louche, ça fait une bonne dizaine de fois la valeur totale de votre propriété sur le marché. Affaire entendue ?

Vous déclinez l’offre, poliment mais fermement, et éconduisez l’importun.

Un Palestinien prend congé de ses visiteurs devant la porte de sa maison sur la rue Shuhada, à Hébron

Désarçonné par ce refus inattendu, l’investisseur vous quitte l’air marri, mais qu’à cela ne tienne, il ne tarde pas à revenir à la charge, quelques temps après, avec des arguments bien plus convaincants : saisissez cette chance de faire une très bonne affaire, cher ami. Est-ce que dix millions sauront vous faire changer d’avis, peut-être ?

Nan.

Allons, allons, vous êtes un dur à cuire, c’est ça ? Soit. Mais le richissime investisseur est déterminé. C’est un homme d’affaires aguerri après tout : il est venu à bout d’adversaires bien plus coriaces qu’un plouc comme vous avec votre bicoque insignifiante dans un trou paumé. Vingt millions ? Ce n’est jamais que deux-cent fois le prix normal de votre baraque, souligne-t-il avec le ton professionnellement enjoué et passablement condescendant d’un vendeur d’aspirateurs. À prendre ou à laisser, mon brave. Ne soyez donc pas têtu comme une bourrique.

Hors de question.
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