lundi 23 juillet 2012

GEMA(L) à ma musique

En ce beau lundi de juillet, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer, ô nobles lecteurs. Par laquelle préférez-vous que je commence ?

Bon, vu que ça risque d’être compliqué d’attendre que les centaines de milliers de lecteurs assidus les quelques fidèles donnent leur réponse, et d’écouter l’avis de la majorité, alors je vais commencer par la mauvaise.

Eh bien voilà : j’arrête les Chroniques Berliniquaises.

Héhé, comme je vous ai bien eus ! Pouet-pouet !

Non, rien à voir en fait. La mauvaise nouvelle, c’est qu’une fois de plus, la vie nocturne berlinoise, comme une jeune damoiselle vulnérable, vêtue d’une simple combinaison en latex plantée de clous, est en danger. Rien de nouveau sous le clair de lune, soupireront ceux d’entre vous qui ne savent pas de quoi je parle (et qui n’ont pas encore compris le jeu de mots désopilant dont je vous ai gratifiés guise de titre), encore un coup des méchants investisseurs rapaces qui gentrifient la capitale teutonne à tour de bras, n’est-ce pas? Certes, amis lecteurs, ce péril n’a pas disparu, bien au contraire. Mais dans ce cas présent, la situation que je voudrais dénoncer très brièvement dans ces pages est une réforme prévue par la société allemande de gestion des droits d’auteurs, un organisme connu sous l’acronyme GEMA (car ce sigle est un poil plus fluide sur la langue que “Gesellschaft für musikalische Aufführungs- und mechanische Vervielfältigungsrechte”).

La GEMA, sorte de SACEM germanique, est bien connue des internautes vivant sur ce côté-ci du Rhin. Cet organisme opère, depuis des années, une stricte censure des sites de partage de vidéos musicales, si bien que visionner des clips sur le site YouTube peut rapidement devenir affreusement exaspérant à force de tomber sur cet écran, en lieu et place de la vidéo souhaitée:

La GEMA et YouTube: "Cette Vidéo n'est pas disponible dans votre pays - Désolé".
Le nouveau crime dont la GEMA s’est rendue coupable ces dernières semaines, en plus de continuer à pourrir la vie des utilisateurs de YouTube en Allemagne, c’est d’exiger à partir du 1er janvier 2013 une très forte augmentation de la redevance que devront payer tous les établissements organisant des événements musicaux (au nombre desquels, en particulier, les boîtes de nuit). Selon le très bon blog francophone Berlin-Techno.com, le célèbre Berghain, établissement emblématique de la nuit berlinoise, verrait le montant de sa facture à la GEMA passer de 10.000 à 200.000 € par an, et a, en conséquence, menacé de fermer définitivement ses portes si la réforme était maintenue! Sur l’autre rive de la Spree, le Watergate menace d’en faire de même. La nuit berlinoise se révolte! Lisez tout l’article de Berlin-Techno ici, ainsi que ce très bon résumé de Zaath (l’auteur du même blog) sur les conséquences désastreuses des nouveaux tarifs, .

Cette boîte de nuit n'est plus disponible
Évidemment, nous avons tous envie que les artistes du monde entier puissent vivre de leur musique, mais la GEMA aura bien du mal à convaincre qui que ce soit que pour atteindre ce noble objectif, il faille étrangler financièrement et assommer de taxe des établissements qui, tout connus qu’ils soient, ne font pas souvent le poids face aux spéculateurs et autres vampires à la pupille en forme de «dollars», et peinent en temps normal à se maintenir dans un environnement soumis à d’énormes pressions foncières et économiques.

Bref, pour faire court (décidément, il fait beau dehors...), allez faire un tour sur ce site et signez la pétition en ligne contre la réforme tarifaire de la GEMA! Que vous viviez en Allemagne ou non, faites-le si vous aimez Berlin, si vous aimez la nuit berlinoise, si vous aimez la musique! Ou alors, si vraiment il faut vous prendre par les sentiments, faites-le si vous aimez votre dévoué chroniqueur...

Je suis bien conscient qu’il y a tout plein de causes plus pressantes, plus urgentes, plus nobles, pour lesquelles vous seriez tentés de vous mobiliser. Après tout, sur la longue liste de tout ce qui mérite d’être sauvé en priorité, les discothèques berlinoises ne font pas partie du peloton de tête: pourquoi s’émouvoir des difficultés de quelques boîtes de nuits alors que l’urgence serait de sauver la banquise et les ours polaires, la forêt amazonienne, les tigres, les ours des Pyrénées, les chanteurs à la croix de bois, la Grèce, la zone Euro, et bien sûr, en tout premier lieu, les banques?

Je suis bien d’accord avec cet argument, mais permettez-moi d’y répondre qu’un simple clic sur ce site suffit à ajouter une signature à la pétition, et c’est tout! Après avoir perdu ces 5 secondes de votre vie à soutenir la protestation, vous serez libres de reprendre vos activités normales et de vous évertuer à sauver la monnaie unique et les banques espagnoles.

Vous avez encore 72 jours pour bien faire.

La blogosphère berlinoise et les amoureux de la musique vous disent DANKE SCHÖN!

Bon, et la bonne nouvelle alors?

Voilà, je vous dis tout: l’été est revenu à Berlin! Il durera exactement une semaine. Du coup, je compte bien profiter de ces 168 heures de soleil, ce qui, malheureusement, risque de ralentir quelque peu le rythme de publication sur ces pages... Mais vous aussi, vous feriez mieux d’éteindre votre ordi et d’aller vous prélasser au Biergarten le plus proche, non?

Alors on est gentil, on signe la pétition, on éteint son PC et on va profiter de la vie pendant quelques jours, OK?

Bonne semaine d’été à tous et à très bientôt!







5 commentaires:

  1. Si tu me promets qu'on ne fume pas dans les boîtes berlinoises, je signe...

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    1. Que puis-je faire pour te soudoyer, acheter ta signature, Jackie Brown? Mentir?

      Hélas, ce serait une "contre-vérité" (pour parler comme un politicien ou un journaliste-carpette) que de promettre que les boîtes berlinoises sont rauchfrei. En fait, dans beaucoup d'entre elles, il est effectivement interdit de fumer et l'interdiction est rappelée partout, mais personne ne la respecte... Moi je ne suis pas fumeur et ne l'ai jamais été, j'ai dû me réhabituer à sortir dans la fumée. Mes amis qui me rendent visite ont toujours du mal.

      Je fréquentais autrefois une boîte électro strictement non-fumeurs à Prenzlauer Berg, elle s'appelait Icon, mais comme sa voisine le Klub der Republik, elle a fermé, victime de la gentrification...

      Devrons-nous donc nous passer de ton vote? :-(

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  2. A cause de ces maudits fumeurs, je n'ai mis les pieds en boîte que deux fois en France. Et pourtant, j'adore danser. Je suis allée sur la page de la pétition. Je trouve qu'ils demandent un peu trop de renseignements.

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    1. Dommage! Merci d'avoir quand même essayé! Je créerai une boîte mail pipeau juste pour apporter une nouvelle signature pour compenser ton vote manquant :-)

      Eh oui, j'ai appris les méthodes staliniennes de l'ex-RDA n'est-ce pas?

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  3. Et le téléchargement, c'est vachement contrôlé et sanctionné. La joie de voir la facture de 2 000 euros nous attendre sagement - et pour un titre d'Henri Dès en plus, les boules !

    L'Allemagne, c'est loin d'être le pays de la liberté des arts. Si encore il existait une offre semblable accessible au commun des mortels, mais même pas... (quoique que spotify commence a bien rouler)

    Je me suis permis de faire un petit aperçu de la joie du téléchargement en Allemagne (très connecté à la GEMA) http://www.rainbow-berlin.com/2012/11/le-telechargement-illegal-en-allemagne.html

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Un petit bonjour ?

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