*** Avertissement liminaire : Ce billet contient des affirmations de magnitude 9,5/10 sur l’échelle Godwin des allusions gratuites au IIIème Reich. Merci pour votre compréhension. ***
“BERLIN, 1937. La secrétaire du rabbin Horowitz surprend le vénérable érudit plongé dans la lecture de Der Stürmer, tabloïd nazi très populaire et particulièrement virulent. Bouleversée, elle ne parvient pas à dissimuler sa consternation.
«Oï! Oï! Oï! Sauf votre respect, Rabbi, mais ça va pas la tête, de lire des choses comme ça?! Vous êtes devenu complètement maso ou quoi?
“BERLIN, 1937. La secrétaire du rabbin Horowitz surprend le vénérable érudit plongé dans la lecture de Der Stürmer, tabloïd nazi très populaire et particulièrement virulent. Bouleversée, elle ne parvient pas à dissimuler sa consternation.
1937... "Les Juifs sont notre malheur!" |
— Calmez-vous, Rebekka, calmez-vous. Bien au contraire, je me porte très bien. Mais voyez-vous, mon enfant, les journaux juifs sont remplis de mauvaises nouvelles : antisémitisme partout, persécutions, pogroms, spoliations, émigrations... Des malheurs, des malheurs, des malheurs: c’est tout bonnement déprimant. Dans Der Stürmer, en revanche, j’apprends que nous, les Juifs, contrôlons les partis politiques, gouvernons la finance mondiale, dominons les arts et sommes sur le point de subjuguer l’humanité entière. Voilà qui me remonte le moral!»”
Athènes, 2012. Je ne serais pas le moins du monde étonné d’apprendre qu’une version au goût du jour de cette blagounette gentillette circule à l’ombre de l’Acropole. Elle substituerait aux figures du flegmatique rabbi Horowitz et à Rebekka sa secrétaire plus sanguine, un duo d’Hellènes pur beurre (de brebis bien sûr — what else?): Evangelos, danseur de sirtaki, s’émouvrait des lectures de son amie Elefthería, productrice de yaourt et de feta. En lieu et place de Der Stürmer, la prestigieuse publication teutonne dont les presses se sont définitivement tues au printemps 1945, on aurait, bien entendu, son plus digne héritier, la Bild Zeitung. Et ce ne serait que justice après trois années d’une hallucinante campagne de dénigrement, de discrédit et de bourrage de crânes en continu, à laquelle se livre, sans relâche, sans merci, sans même s’embarrasser des considérations déontologiques les plus élémentaires, la feuille de chou la plus lue d’Allemagne.