lundi 30 avril 2012

Droites de régression

«Jamais la droite n’a été aussi élevée», saluait Guillaume Peltier, conseiller national de l’UMP. 

«Les Français qui ont voté FN vont voter Sarkozy dans leur grande majorité, croit savoir Christine Boutin, ralliée à M.Sarkozy. La France est plus à droite qu’on ne le croyait».

Un conseiller du président diagnostique : «La stratégie de [Patrick] Buisson était la bonne: la France est très à droite, et la gauche basse».  
J’ai tiré ces trois citations d’un seul article du Monde, publié lundi dernier, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle. Il s’intitulait «Nicolas Sarkozy joue son va-tout en pariant sur l’électorat FN». Tout est dit dans le titre ainsi que dans ces trois déclarations tonitruantes, qui sonnent à l’oreille comme autant de rugissements victorieux, à moins qu’il ne s’agisse de prières désespérées à Sainte Rita dans la plus pure tradition de la méthode Coué... Quoi qu’il en soit, j’ai du mal à croire cette affirmation selon laquelle la France est «très à droite».

samedi 28 avril 2012

Tricolore

Attendre que le feu passe au vert en trois temps, par un jour de printemps (non, ce n’était pas aujourd’hui par 30°C...) sur la Karl-Marx-Allee, à Friedrichshain.

lundi 23 avril 2012

Comme un bulletin dans l’urne

Après mon expédition héroïque vers l’ambassade de France à Berlin et mon inscription à l’arraché sur les listes électorales consulaires, à la toute dernière seconde avant que la clepsydre ne laisse choir son ultime goutte de précieux liquide bleu et que Félindra la dompteresse, à ce signal fatidique, ne fasse sortir, en deux claquements de fouet lancés avec autorité, les tigres féroces qui interdisent l’entrée du service consulaire en-dehors des heures d’ouverture au public, c’eût été un comble que le jour du scrutin je ne me présentasse pas en personne pour accomplir mon devoir civique, et que je n’exerçasse pas le privilège de citoyen pour la jouissance duquel je me suis battu contre vents et marées en décembre dernier.

Une seconde s’il vous plaît, le temps de reprendre mon souffle et de boire une lampée de Spreequell légèrement gazéifiée. Euh pardon, je voulais dire, une gorgée de Saint-Yorre, évidemment. Achetons made in France. Ah, ça désaltère !

jeudi 19 avril 2012

La langue du diable

«Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?» se désolait, avec une éloquence qui se fait rare à notre époque du langage SMS, un Don Diègue fort marri de ne pas avoir su infliger une bonne correction à son ancien ami Don Gomès qui l’avait gourmé et insulté. Euh, pardon, je reprends : Don Dièg’ était trooooo dég’ de la life paskil a pas pu marave sa gueule à se conar de Gonesse qui l’avait grave embrouiller. Cé mieux comme sa ?

Dans mon cas, l’outrage des ans ne se traduit pas encore par mon incapacité à tenir en respect les fâcheux et à rabattre leur caquet aux impudents, au contraire, mais plutôt par la perte indéniable de vivacité de mon cerveau, sa lenteur de plus en plus manifeste, qui l’empêche de mobiliser à temps le vocabulaire, les règles de grammaire et la prononciation à peu près convenable de la langue teutonne, et d’en faire bon usage avant que les mots ne sortent de ma bouched. Dès lors que je prononce plus de deux phrases en allemand, je me sens dans la peau d’un Jean-Claue Van Damme livré à lui-même devant les caméras, qui parle bien plus vite qu’il ne pense (et, tout comme JCVD, mon problème n’est pas que je parle trop vite, entendons-nous bien).

dimanche 15 avril 2012

Avril : “Berlin en travaux”

Je n’en reviens pas, mais alors pas du tout, de la vitesse à laquelle La Photo du Mois arrive chaque mois... nous sommes le 15 avril et il est midi pile à Jouy-en-Josas. L’Azimutée nous a choisi un thème que j’ai trouvé vraiment très sympa et qui m’a beaucoup inspiré : «En travaux».

Quelle aubaine ! Berlin, capitale de l’Allemagne réunifiée depuis 1990, est une ville perpétuellement en travaux. Pour y trouver des chantiers, pas besoin d’aller bien loin : il suffit de mettre le nez dehors, et tôt ou tard, et plutôt tôt que tard d’ailleurs, une clôture provisoire signalant une zone de travaux vous barrera le passage. Il me semble avoir lu ou entendu, dans quelque documentaire soporifique, qu’en 2000, près de la moitié des grues en service sur le continent européen s’élevait dans le ciel de la métropole prussienne. Ou était-ce peut-être le quart ? Je ne sais plus, mais la proportion était énorme et révélatrice. Une telle affirmation me semble tout à fait plausible en tout cas.

samedi 14 avril 2012

Le débourrement

J’ai enrichi mon vocabulaire aujourd’hui. Mon vocabulaire français, hein, entendons-nous bien. Saviez-vous, ô illustres lecteurs au savoir encyclopédique, que nous sommes actuellement en plein «débourrement» ? Au cas où quelques uns l’ignoraient encore, ce terme désigne, dans notre belle langue aux accents d’une élégance et d’un raffinement que le monde entier nous envie, cette période de l’année où, sur les branches mornes et dénudées des arbres et buissons sortis de leur hibernation, grossissent délicats boutons, poignent frêles bourgeons, jaillissent vertes pousses et pâles rejetons, éclosent tendres feuilles et odorantes floraisons.

Le débourrement à ma fenêtre, le 2 avril 2010
Il semblerait bien que cette notion n’ait pas d’équivalent exact dans les autres langues, puisque la page Wikipédia sur le débourrement n’existe que dans notre langue, illustrant de manière particulièrement frappante, si besoin était, de la supériorité du génie français. Molière : 1 ; Shakespeare, Goethe, Cervantes, Dante, Pouchkine, Ibsen et tous les autres : zéro. Et toc !

mercredi 11 avril 2012

Les gnous du Capitole (2)

Chose promise, chose due : voici enfin la suite du récit de ma transhumance printanière au milieu d’un petit million de gnous en goguette dans la Cité aux sept collines. Petit résumé de l’épisode précédent: je débarque à Rome avec un petit groupe d’amis pour un weekend de quatre jours, et nous passons les deux premières journées (le jeudi et le vendredi) à arpenter courageusement les ruelles surpeuplées aux trottoirs quasiment inexistants, avec la persévérance grégaire d’un troupeau d’ongulés sauvages migrant dans le delta de l’Okavango à la fin de la saison des pluies.

Pour le samedi, nous avions prévu de visiter les musées du Vatican et la Basilique St-Pierre, puisque la météo avait annoncé un temps frais et maussade. Pourtant, à 9 heures tapantes, lorsque nous émergeons de la station de métro Ottaviano San Pietro - Musei Vaticani et retrouvons le reste du groupe, un grand soleil, tiède et printanier, darde ses rayons matinaux tout droit sur nos pupilles encore ensommeillées après l’obscurité des galeries du métro. Promptement revigorés par cet intermède lumineux, nous nous mettons gaiement en route vers l’État pontifical.

Les gnous au musée du Vatican, dans la Galerie des Candélabres

samedi 7 avril 2012

Vitrine pascale

À Berlin, même les sex-shops, comme celui-ci sur la Schönhauser Allee, décorent leurs vitrines aux couleurs de Pâques. Les petits lapins y sont en vente pour 3,90€. Je me demande s’ils font quelque chose de particulier, s’ils vibrent ou ont une fonction cachée, ou s’ils sont tout bêtement décoratifs, sans aucune «valeur ajoutée» particulière. Dans ce dernier cas, pourquoi les achèterait-on dans un sex-shop, je ne saurais le dire.

mercredi 4 avril 2012

Jamais sans ma Wurst

Vous n’avez pas manqué de faire cette observation, à moins que vous ne viviez en Musulmanie, en Bouddhie ou même ailleurs en Païennie, dans quelque contrée lointaine peuplée majoritairement de cannibales hirsutes mangeurs de missionnaires jésuites et de blogueurs blancs, auquel cas je me ferais un peu de souci pour vous (cela me chagrine toujours de perdre un lecteur) : Pâques est déjà à nos portes, même si cette année nous aurons droit, semble-t-il, à une version «Pâques au tison». Tout ce chocolat qui déborde des étalages, tous ces œufs peints, tous ces crabes (ça c’est le particularisme martiniquais), sont des signes qui ne trompent pas. Chic, on va pouvoir se goinfrer !

L’ennui, c’est qu’avant l’orgie ovo-crabo-chocolatière de la fête pascale, une longue période de jeûne et de pénitence, connue sous le nom de Carême, s’impose à la plupart des chrétiens, pendant laquelle ceux qui veulent sauver leur âme sont fortement invités (entre autres choses) à manger maigre, et à moins s’empiffrer d’une manière générale, pendant une quarantaine de jours. Même dans un désert spirituel comme Berlin, où la voix chevrotante des évêques, étouffée dans les basses assourdissantes de la musique électro, peine à se faire entendre, la question se pose chaque année en «une» des pires feuilles de choux gratuites qui encombrent nos boîtes aux lettres plus prestigieux quotidiens régionaux: «Faut-il vraiment renoncer à la Currywurst pendant quarante jours ?»

Berlin, le 29 février 2012. Le temps des vaches maigres commence. "JAMAIS SANS MA SAUCISSE"
"C'est le Carême, et nombreux sont ceux qui tirent parti de la période s'étirant jusqu'à Pâques, non seulement pour se recueillir, mais aussi pour perdre quelques kilos. Cinq semaines sans Currywurst ? Inenvisageable pour Nicky et Andreas, qui ne comptent pas y renoncer."


mardi 3 avril 2012

“Expat Blog” du mois d’avril 2012

En ce joli mois printanier davril, bon, printanier au moins en théorie, le site expat-blog.com m’a fait l’insigne honneur de décerner aux Chroniques Berliniquaises le prestigieux award du «Blog du mois». Chouette alors ! Un prix ! Bientôt le Pulitzer, je vous dis, sans fausse modestie.


Je marche ainsi dans les pas de quelques illustres prédécesseurs, au nombre desquels Dr CaSo, la lauréate de février 2009, une Franco-helvéto-canadienne échouée dans un coin de l’Alberta, dont je suis régulièrement les aventures par blog interposé. Antilles oblige, je ne peux m’empêcher de mentionner, parmi les précédents blogs primés, Gwadiary, le très bon journal d’un Aixois en Guadeloupe. Bref, il y a de la grosse grosse grosse pointure au Panthéon des blogs d’expats ainsi couronnés de gloire.

lundi 2 avril 2012

“Marocophobie” et vaine rimaillerie

Et pendant ce temps, dans la région d’Innsbruck, une capitale régionale autrichienne habituellement paisible, où seul le doux tintement des clochettes des vaches laitières et accessoirement le bruit de bottes battant le pavé trouble le sommeil des habitants, la campagne électorale en vue du prochain scrutin municipal fait rage, et les candidats ne font pas dans la dentelle :

August Penz : "Mon projet pour Innsbruck :
L'amour de la Patrie plutôt que les voleurs marocains"

Voici donc un petit slogan sympathique et décapant, tout en rimes, proposé par le candidat populiste de la FPÖ, un parti dirigé pendant près de trois décennies par un certain Jörg Haider avant que ce dernier n’en claque la porte pour fonder, en 2005, un mouvement concurrent, le BZÖ.
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