mardi 10 mai 2011

L'Europe se déchaîne-gaine

Marine Le Pen veut repousser "humainement" les bateaux de
clandestins vers "les eaux internationales". On demande à voir.
L'Europe est en danger. L'Europe est assiégée. L'invasion a déjà commencé. Depuis le début de l'année, plus de 30.000 pauvres hères, Tunisiens, Libyens, Éthiopiens ou même des mères de famille allemandes (dans un remake européen épique et maritime de Jamais sans ma fille), ont entrepris avec succès la traversée périlleuse et illégale de vingt heures entre le tumulte des côtes nord-africaines et l'abondance des rivages européens les plus proches, à bord de frêles esquifs dangereusement surchargés, de modestes "radeaux de Lampéduse", sans gilet ni canot de sauvetage. Ladite traversée peut d'ailleurs durer bien plus que vingt heures, et tourne souvent au cauchemar. On ne saura jamais combien ont péri par le fond, mais les requins n'ont pas à se plaindre. Trente mille jeunes musulmans basanés qui débarquent, et la coupe est pleine dans nos pays blancs, vieux et vaguement "chrétiens". Trente mille indésirables viennent jusque dans nos bras, certes pas pour égorger nos fils et nos compagnes (pas encore...), mais du moins, parasiter nos sociétés prospères, se gaver de minima sociaux et importer la délinquance, la misère, les maladies, mais aussi "la charia" et ô combien d'autres plaies inconnues sous nos latitudes autrefois paisibles et civilisées. L'horreur. Certains l'ont déjà compris : "les Français ne se sentent plus chez eux", nous susurre notre ministre de l'Intérieur bien-aimé, l'homme qui a compris la détresse de ses compatriotes.

Mais tout n'est pas encore perdu: tels des Charles Martel du XXIème siècle, chevauchant fièrement leurs grands destriers blancs, les nobles chevaliers providentiels qui ont à cœur de sauver notre continent de l'invasion, le sieur Sarko et Don Berlusconi, ont déjà pris la première décision allant dans le bon sens: libérer l'Europe des entraves de la servitude, de ces accords de "Chaîne-Gaine" qui menaçaient de la livrer pieds et poings liés aux hordes furieuses d'islamistes pouilleux et hirsutes qui débarquent avec chaque marée.

Aéroport de Berlin-Tegel le vendredi 6 mai 2011.
"Passeport s'il vous plaît"
Et ce ne sont pas que de vaines paroles: ainsi, à mon arrivée de Madrid vendredi dernier, j'ai eu la surprise de me frotter à la maréchaussée teutonne, qui interrogeait chaque passager et exigeait qu'on lui montrât passeports et documents d'identité, comme au bon vieux temps des frontières et des visas, une époque que l'on croyait révolue. Le brigadier Schulz a insisté lourdement, à me demander trois fois si j'étais vraiment parti de Madrid ou si je ne m'étais pas envolé auparavant d'un pays plus lointain, plus méridional, plus suspect. J'ai tenu bon et Schulz m'a laissé passer, avec sur son visage une moue de lassitude. C'est que la tentation est forte, en Allemagne aussi, de jouer la fermeté sur la question épineuse des clandestins et des demandeurs d'asile, et rares sont ceux qui comptent laisser le monopole du populisme aux voisins latins. Alors dans ce contexte, chacun y va de son petit coup de hache perso dans l'édifice européen, pour mieux défaire le résultat de décennies de laborieuses avancées. Le message adressé aux envahisseurs est clair: tremblez, Maures, vous avez rencontré votre Poitiers, votre Las Navas de Tolosa, votre Lépante, et l'Europe ne reculera devant rien pour vous faire barrage comme en ces occasions salutaires où elle l'a fait dans le passé.

Je suis pour que l'on fasse respecter les lois des pays européens et que l'on ne laisse pas entrer ainsi qui veut comme dans un moulin (essayez d'immigrer au Canada pour voir), même ces tragiques héros qui risquent tout pour voguer précairement vers d'arides cailloux méditerranéens, poussés par la misère abjecte et attirés par un fabuleux mirage. Mais les gesticulations démagogiques de certains politiciens, et ce sabordage éhonté des plus beaux symboles de l'unité européenne sur le dos que quelques milliers de désespérés, c'est un gâchis sensationnel qui, on l'espère, ne laissera pas trop de traces à long terme.

Tout de même, quand on y pense bien, on peut se rappeler que trente mille personnes, cela représente trois semaines d'accroissement démographique de l'UE (hors immigration), ou cinq semaines d'augmentation naturelle de la population française. C'est aussi le nombre de Martiniquais qui ont péri le même jour en l'espace de quelques minutes, un jeudi 8 mai 1902, lors de l'éruption de la Montagne Pelée. Un vrai cataclysme pour une toute petite île pauvre, grande comme un huitième de la Corse, mais à l'échelle de l'Europe, qui décidément ne se grandit pas à mesure que les rebondissements se succèdent lors du Printemps arabe, cet afflux inhabituel d'immigrés clandestins devrait pouvoir être géré dans la concertation, de façon pérenne et dans le respect de "valeurs" méconnaissables à force d'être piétinées, plutôt que par les vociférations démagogiques et le recours à des expédients foireux, même à court terme.

Fichier:Grandes invasions Empire romain-fr.svg
Europe, Vème siècle ap. J-C. Un contrôle insuffisant aux frontières, une politique laxiste en matière d'immigration, et le résultat est sans appel : l'Empire romain en a perdu son identité nationale, et même plus. Notons que des rives de la Tunisie actuelle débarquaient les "Vandales". Si c'est pas un signe, ça...

4 commentaires:

  1. non comment...
    et je lis ton post à la lumière de tes twits (et notamment celui de rue 89)...je ne sais pas si c'est une si bonne idée de m'y rendre fin juin, surtout pour un break reposant.
    tchuss

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  2. Mais si bien sûr, ça reste une bonne idée ! Pas de souci cher Alexandre ! Il y a toujours beaucoup de touristes à Berlin, et pour simplifier les plus "nuisibles" si on peut dire sont ceux qui viennent en grands groupes bruyants et fêtards et visitent Kreuzberg comme on visite un zoo, et qui pour ne rien arranger louent des appartements d'habitation au noir, donc contribuent à la hausse des loyers tout en diminuant leur contribution à l'économie locale... mais ce n'est qu'une grossière simplification.

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  3. c'était une idée...bonne je ne le sais pas encore
    j'ai bcp hésité avec Londres (que je connais mieux); j'ai une amie là-bas qui me relance souvent et que je n'ai pas vue depuis octobre...
    j'ai dis oui à Berlin surtout pour Kreutberg justement, que je n'avais pas suffisamment amorti la dernière fois..lol
    en définitive j'aurais dû opter pour Madrid ou Rome avec ma chérie...
    je regrette déjà d'avoir voulu la jouer couple indépendant (elle a pris son billet pour Madrid finalement).
    Mais bon je te raconterai mon expérience, je l'espère, et te dirai si elle corrobore ou non articles et post.
    tchuss

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  4. En juin mieux vaut Berlin que Londres je dirais. Et puis tu pourras toujours aller à Londres une autre fois !

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Un petit bonjour ?

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